Brexit : la première ministre Theresa May confirme sa feuille de route pour la sortie
Brexit means Brexit. Alors que des milliers de Britanniques ont envahi les rues des principales villes du royaume, samedi, pour rappeler leur attachement à l’Europe, la Première ministre Theresa May a fait sa rentrée internationale au G20 tenu à Hangzhou (Chine). Conforme à la ligne qu’elle s’est fixée, elle a rappelé à cette occasion qu’elle entend bien aller au terme du mandat que 52% des électeurs lui ont fixé : la sortie de l’Union européenne. Une prise de position dont la fermeté a pour but de mettre fin aux rumeurs qui agitent Westminster à l’heure où, ce lundi, les membres du parlement auront à débattre de la pétition signée par 4 millions de citoyens pour demander la tenue d’un second référendum sur le sujet.
Theresa May se sait minoritaire au parlement sur la question de la sortie. Elle sait aussi que nombre de parlementaires conservateurs, libéraux-démocrates et travaillistes ne verraient pas d’un mauvais œil un vote des Communes qui contredise les suffrages populaires. Reconnaissons aussi à la première ministre de ne pas vouloir aggraver la crise politique majeure que traverse la Grande-Bretagne en passant par-dessus l’orientation décidée par le corps électoral à l’issue d’un référendum marqué par une participation record. Elle a donc confirmé que le Royaume-Uni activera l’article 50 du Traité de Lisbonne, qui ouvre la période de négociations de deux ans préalable à la sortie effective de l’Union européenne.
A l’issue d’une réunion de cabinet de rentrée, tenue le 31 août, un porte-parole de Theresa May a précisé l’agenda et les objectifs que poursuit la première ministre :
(Elle) a expliqué que le Royaume-Uni n’activera pas l’article 50 avant la fin de l’année afin de donner du temps au pays ainsi qu’à l’Union européenne de préparer les négociations et de s’assurer que le processus connaisse le moins d’accrocs possible. Alors que nous entamons ces discussions, la Première ministre a ajouté que nous devons prendre en compte ce qui fonctionne le mieux pour la Grande-Bretagne et ce qui marchera pour l’Union européenne, plutôt que de suivre un modèle déjà existant.
A toutes fins utiles, il a été précisé que l’activation de l’article 50 ne « nécessite pas de vote du parlement ».
Ce faisant, la leader du parti conservateur n’est pas qu’un gentille démocrate. Elle met en œuvre l’agenda de sa sensibilité parmi les tories. Elle a ainsi rappelé, lors du G20, qu’elle entendait faire du Royaume-Uni le pays leader en matière de libre échange commercial tout en freinant les mouvements migratoires. Theresa May a martelé que les restrictions en matière d’immigration intra-européennes seront sa ligne rouge dans les discussions avec Bruxelles. Mais, du côté du Trésor, des voix se font entendre pour sécuriser un accord de libre circulation des biens et des services, notamment financiers. La City, en effet, entend continuer à jouer son rôle de principale place boursière européenne, rôle qui lui garantit la lisibilité au niveau mondial.
La ligne de Theresa May ne sera pas facile à faire passer auprès de ses partenaires européens qui lient libre-circulation des biens et des services avec celle des personnes. Et elle ne semble pas pouvoir compter sur le soutien des Etats-Unis. Barak Obama a encore rappelé lors du G20 que la Grande-Bretagne n’obtiendrait aucun traitement de faveur à l’heure où le traité transatlantique sur le libre-échange vient d’être sérieusement mis à mal. Mais la première ministre joue, en premier lieu, une partition de politique intérieure. Et même de politique partidaire.
Alors que les travaillistes affichent au grand jour leurs divisions, elle entend montrer que les conservateurs sont « plus unis que jamais ». Patrick McLoughlin, président du parti tory, revendique « 50,000 adhésions pendant l’été ». Des nouveaux venus qui n’apprécieraient guère que « leur » parti finisse par se rallier au maintien dans l’Union européenne, contrairement à une majorité relative des parlementaires. Et la ligne poursuivie par Theresa May et son équipe semblent toujours plébiscitée par les électeurs. Un sondage réalisé par l’institut ICM pour le quotidien de centre-gauche The Guardian donne aux Tories une avance de 24 points sur les travaillistes, en hausse d’un point, avec 41% des intentions de vote quand le Labour party a encore baissé d’un point à 27%. Selon la même enquête, UKIP est en troisième position avec 13% des intentions de vote quand les Lib-Dems en engrangent 9%.
Malgré des indicateurs au vert, la première ministre a encore écarté, dimanche 4 septembre, la perspective d’une élection anticipée. Dans sa première interview majeure de rentrée, dans le Andrew Marr show, Theresa May a affirmé que « le pays a besoin d’une période de stabilité après l’onde de choc du vote en faveur du Brexit ». Elle a ajouté que « le Royaume-Uni devrait être préparé à traverser des moments difficiles », malgré des indicateurs économiques meilleurs que prévus.