Hausse de la criminalité et augmentation des départs au sein des forces de police en Angleterre et au Pays-de-Galles
La question de la sécurité est à nouveau un enjeu politique au Royaume-Uni. Mercredi 7 février, le leader de l’opposition, Jeremy Corbyn, a utilisé les Prime Minister’s Questions (Questions au premier ministre) pour mettre en lumière ce sujet délicat. Les statistiques font état d’une hausse de la criminalité de 14% en Angleterre et au Pays-de-Galles. Les chiffres officiels du Home Department (ministère de l’Intérieur) mettent en lumière une nouvelle chute des effectifs qui ont diminué de 1,200 policiers en six mois.
Les chiffres ont été arrêtés en septembre 2017, illustrant 5.3 millions d’actes criminels, un record depuis l’introduction, en 2002, d’un système statistique national partagé par les 43 forces de police que compte l’Angleterre et le Pays-de-Galles. L’Ecosse et l’Irlande du Nord ne sont pas intégrés dans ce schéma de calcul et disposent de leurs propres unités de sécurité.
Les actes terroristes, qu’ils soient liés au « jihadisme » ou à l’extrême-droite, les attaques au couteau et celles par armes à feu, sont à l’origine de cette hausse spectaculaire. Entre juin 2016 et juin 2017, pas moins de 379 arrestations ont eu lieu pour des faits liés aux activités terroristes. Mais les cambriolages, vols, agressions sexuelles ou vols de voiture n’ont pas diminué. « Ces chiffres démontrent que les conservateurs ont perdu la main dans le combat contre le crime », accuse Louise Haigh, shadow ministre pour les questions de sécurité publique.
A côté de ce surcroît d’insécurité, les effectifs de police ne cessent, eux, de baisser. Alors qu’en 2009, au summum de leur recrutement, on comptait 144,353 officiers dans les différentes forces en Angleterre et au Pays-de-Galles, le Home office admet en recenser 121,929 seulement. Si la réduction des effectifs impacte l’ensemble de cette partie du Royaume-Uni, des différences sensibles existent. La Metropolitan Police (Met, qui gère la sécurité du Grand Londres) concentre la moitié des départs, avec une perte de plus de 600 officiers. En termes de pourcentage, c’est le North Yorkshire qui souffre le plus avec une baisse des effectifs qui atteint 4.2% pour 58 agents en moins.
Selon les organisations représentatives, le budget affectés aux forces de police doit diminuer de 700 millions de livres par an d’ici 2020 et les salaires sont toujours bloqués. Depuis l’arrivée des conservateurs au pouvoir en 2010, les effectifs ont diminué de 21,000 postes. Les chiffres présentés par Her Majesty’s inspection of Constabulary (HMIC – l’inspection des forces de police) confirment la tendance. Alors que le budget 2017-2018 consacre 12.3 milliards de livres à la police, les prévisions tablent sur un budget de 11.6 milliards en 2020-2021.
Pourtant, le gouvernement, Theresa May et Amber Rudd, la Home Secretary, en tête, affirment que les forces de police sont protégées. Selon ses propres chiffres, elles disposeraient d’un bonus de 450 millions de livres alors que « la criminalité ordinaire (serait) en baisse de 40% ».
Ce mercredi 14 février 2018, le maire de Londres, Sadiq Khan, annonce qu’il débloque 60 millions de livres pour recruter 1,000 agents de police supplémentaires au profit de la Met. Accusant le gouvernement d’échouer dans la lutte contre le crime, l’élu travailliste a averti:
« Notre effort ne permettra pas d’inverser l’évolution de la criminalité à laquelle nous assistons. Il nous permettra tout juste de garder la tête hors de l’eau pour les deux années à venir. »