La Grande-Bretagne sous le choc après le décès de la membre du parlement Jo Cox
L’homme aurait crié « Britain first ! » (« Grande-Bretagne d’abord » mais aussi le nom d’un groupuscule d’extrême-droite) avant de la frapper. La membre du parlement Jo Cox, élue travailliste du West-Yorkshire, est décédée après avoir été poignardée par un homme qui lui a ensuite tiré dessus, selon les premiers témoignages. Cette agression soulève une vive émotion en Grande-Bretagne où les membres du Parlement sont très rarement pris à partie physiquement. Selon les dernières informations, l’agresseur aurait été identifié sous le nom de Tommy Mair.
Le décès a été confirmé par Dee Collins, Chief Constable de la police du West-Yorkshire. L’officier a ajouté qu’un homme de 77 ans avait été également blessé par le meurtrier. Elle insiste sur le fait que le meurtre de Jo Cox constitue un acte isolé.
Jo Cox, membre du parlement pour Batley et Spen, près de Leeds, tenait une permanence dans une bibliothèque de Birstall, une ville de sa circonscription, pour régler les urgences de ses concitoyens. Peu avant une heure de l’après-midi (heure locale), la parlementaire âgée de 41 ans serait sortie des locaux en raison d’une rixe entre deux hommes. L’un d’entre-eux, désormais identifié comme Tommy Mair, se serait retourné vers elle. Après un vif échange verbal, la confrontation aurait dégénéré, l’homme frappant la mère de deux enfants avec une arme blanche, identifiée par un témoin comme un poignard d’environ 30 centimètres, avant de lui tirer dessus à trois reprises dont une au visage.
Selon un témoin oculaire, « il était entrain de se battre avec elle, de lutter avec elle, comme l’arme à feu a jailli. Elle est alors tombé entre deux voitures. Je suis allé voir : elle saignait sur le sol ».
Des forces de police armée (ce qui est rare en Grande-Bretagne) ont arrêté un homme de 52 ans, quelques minutes plus tard. A l’heure où ces lignes sont écrites, la police du West-Yorkshire se refuse à tout autre commentaire. Elle a fait savoir que Jo Cox a été transférée dans un hôpital de Leeds et que son état est considéré comme sérieux. Malgré les soins intensifs dont elle a fait l’objet, Jo Cox est morte des suites de ses blessures. Les forces de police ont été déployées pour « rassurer la communauté ».
L’émotion a vite gagné le pays. David Cameron, premier ministre, s’est dit « très affecté par les informations selon lesquelles Jo Cox aurait été blessée. Toutes nos prières vont vers Jo et sa famille ». Andy Burnham, shadow Home secretary, a fait part de sa douleur et de son incompréhension :
« Que se passe-t-il dans ce monde ? Affection et prières pour Jo et sa famille. »
Le leader du parti travailliste, Jeremy Corbyn, s’est déclaré « totalement choqué » :
« Totalement choqué par les nouvelles concernant l’attaque dont a été victime Jo Cox. Les pensées de tout le Parti vont vers elle et sa famille. »
La principale campagne en faveur du Brexit, Vote Leave, a interrompu son tour de Grande-Bretagne. La campagne pour le maintien a également suspendu ses activités jusqu’à nouvel ordre.
Âgée de 41 ans, Jo Cox a été élue membre du parlement pour Batley et Spen en mai 2015. Une constituency qui l’a vue naître. C’est son premier mandat à la chambre des communes. Considérée comme une des étoiles montant du Labour et une des « plus gentilles » des parlementaires, elle a présidé le réseau des femmes travaillistes. Avant d’entamer une carrière politique, elle a été responsable de la fondation Oxfam. Un engagement professionnel qu’elle a ensuite prolongé dans son action politique. Elle s’est notamment spécialisée dans les questions de développement et de coopération internationale.
Lors de son maiden speech, son premier discours à la Chambre des Communes, Jo Cox s’est lancée dans une défense passionnée de l’immigration et de l’Union européenne. Elle a notamment déclaré :
« Nos communautés ont profondément bénéficié de l’immigration que ce soit l’immigration catholique irlandaise ou celle des Musulmans venant de Gujarat en Inde et du Pakistan ».
En juin dernier, elle a accordé son patronage à la candidature de Jeremy Corbyn comme leader du parti travailliste. Elle a ensuite voté pour Liz Kendall et confié, plus tard, regretter son choix en faveur de Corbyn. Elle préside le groupe parlementaire des amis de la Syrie. Elle s’est également faite remarquer pour sa campagne déterminée afin que le gouvernement britannique accueille davantage d’enfants réfugiés en provenance de ce pays. Jo Cox s’est enfin abstenue lors du vote autorisant le Premier ministre à utiliser les frappes aériennes en Syrie, un vote qui avait déclenché une crise au sein du parti travailliste.
L’ensemble des positions de Jo Cox dessine, à l’heure actuelle, un faisceau de présomptions qui accréditerait la thèse d’une agression à caractère politique de la part d’un militant d’extrême-droite. Mais la police du West-Yorkshire n’a pas confirmé cette thèse. Lors de sa déclaration à la presse, la Chief Constable Dee Collins a précisé : « Nous avons arrêté un homme. Nous ne sommes pas en position d’évoquer des motifs pour le moment ».
Les agressions physiques de membres du parlement sont extrêmement rares en Grande-Bretagne. La dernière en date remonte à six ans quand une femme a poignardé Stephen Timms, élu pour West Ham, en raison de son soutien à l’intervention militaire en Irak. En revanche, les agressions verbales ou le harcèlement sont plus répandus. Une récente enquête menée sur 192 membres du parlement met en lumière que 4 sur 5 d’entre eux se plaignent du comportement des citoyens à leur égard.
Silvère Chabot et Nathanaël Uhl
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