C’est deja la fin de la trêve au sein du parti travailliste
Elle n’aura duré que deux petits jours. Ce samedi 9 juillet, le deputy leader du parti travailliste, Tom Watson, a annoncé la fin des pourparlers entre le Parliamentary Labour party, d’un côté, et le leader travailliste élu Jeremy Corbyn de l’autre. Watson fait porter le poids de la rupture au vétéran socialiste qui a déclaré publiquement, dans une tribune publiée vendredi par le quotidien de centre-gauche The Guardian, qu’il ne démissionnera pas. Angela Eagle, membre démissionnaire du shadow cabinet, a annoncé qu’elle déclarera sa candidature au poste de leader dès lundi.
Les négociations en vue d’une sortie de crise ont donc échoué, comme on pouvait s’y attendre. Les syndicats qui les patronaient n’ont pas réussi à rapprocher les deux parties. Le groupe parlementaire travailliste s’est arc-bouté sur la démission de Jeremy Corbyn. Ce dernier a défendu son bilan en mettant en avant les reculades imposées au gouvernement conservateur durant ses neuf mois de mandat mais aussi le score, meilleur qu’attendu, du Labour lors des élections locales et les bons résultats enregistrés lors des partielles.
Dans l’après-midi, Len McCluskey, patron du syndicat Unite et médiateur dans la crise du Labour, a publié un communiqué accusant Tom Watson de « sabotage ». McCluskey rappelle avoir préparé une rencontre entre représentants du PLP, des syndicats et de l’équipe Corbyn pour le dimanche 11 – « date retenue à la demande de Tom Watson ». Ce nouveau faux pas du deputy leader risque de lui coûter cher…
Si Angela Eagle va, cette fois, au bout d’une candidature annoncée à plusieurs reprises depuis le début de la crise, les membres du Labour devront à nouveau désigner leur leader. Au vu des nombreuses adhésions enregistrées par le parti travailliste ces derniers quinze jours, le rapport des forces semble toujours favorable à Corbyn. D’ailleurs, plus de 60 constituency labour parties (organisations travaillistes de base) ont voté des motions de soutien au leader en poste quand 15 seulement ont pris des motions de défiance.
L’enjeu est donc à présent de savoir si Corbyn peut se représenter automatiquement ou s’il devra obtenir lui aussi les 50 parrainages de parlementaires. La jurisprudence Kinnock, qui avait été défié par Tony Benn, plaide en faveur de la seconde solution. Mais les soutiens de Corbyn ne l’entendent pas de cette oreille. Le National Executive Committee (organe dirigeant du Labour) devra trancher. Or partisans et détracteurs du leader y sont à quasi égalité. Il n’est donc pas exclu que ce soit la justice qui soit appelée à trancher.