La guerre civile chez les travaillistes relance les rumeurs de scission au sein du Labour
Depuis l’élection de Jeremy Corbyn comme leader du parti travailliste en septembre 2015, les rumeurs vont et viennent qui évoquent une scission du vieux parti. Elles ont pris une consistance nouvelle ce dimanche 10 juillet. Le quotidien de centre-gauche The Guardian évoque des rencontres entre membres du parlement conservateurs et travaillistes en vue de créer un nouveau parti centriste et pro-européen. Au sein du Labour, les accusations de scission ont pris, également, une ampleur nouvelle alors que le parti se dirige vers une nouvelle confrontation entre le leader et le Parliamentary Labour Party.
Le bras droit de Corbyn, le shadow chancelier de l’Echiquier John McDonnell, a été mis en cause par Owen Smith, membre démissionnaire du shadow cabinet et un des deux candidats pressentis pour challenger Jeremy Corbyn dans une nouvelle élection en vue du leadership du Labour. Se référant à une rencontre avec le leader et McDonnell, Owen Smith affirme qu’à la question « es-tu prêt à voir le parti exploser », le shadow chancelier de l’Echiquier et leader de la gauche travailliste, aurait répondu, en haussant les épaules, « s’il faut en arriver là… »
L’accusation de chercher la scission est utilisée par les deux camps en présence depuis plusieurs mois. Elle prend une dimension nouvelle alors que la rupture entre la base militante travailliste et les parlementaires n’a jamais été aussi visible. C’est dans ce cadre que The Guardian a publié un article faisant état d’une rencontre informelle entre parlementaires tories et Labour en vue de créer un parti centriste et pro-européen. Cette perspective trouverait son origine dans la possibilité – infirme à cette heure – que l’eurosceptique et populiste Andrea Leadsom s’empare du leadership conservateur et que Corbyn batte ses adversaires en cas de nouvelle élection interne au parti travailliste.
La scission est la menace ultime au parti travailliste. Elle rendrait la gauche inéligible pour au moins 15 ans. C’est pourquoi, souvent agitée, elle n’a jamais été utilisée depuis la dernière, en date de 1981. A cette époque, le parti travailliste avait décidé d’intégrer dans son manifeste le fait de quitter l’Union européenne. Les plus à droite des travaillistes ont alors créé le parti social-démocrate qui a fini par rejoindre le parti libéral pour fonder les Lib-Dems.