Alerte « critique » et déploiement de l’armée après l’attentat de Manchester
L’armée dans les rues. A l’issue d’une journée lourde d’émotion mais aussi digne dans son recueillement, la nouvelle est tombée. Après l’attentat suicide qui a coûté la vie à 22 personnes à la Manchester Arena, lundi 22 mai à 22h35 (heure locale), le niveau d’alerte a été porté à « critique ».
La première ministre Theresa May l’a annoncé mardi soir, à l’issue d’une deuxième réunion d’urgence du cabinet. Elle a rappelé que l’alerte « critique » est motivée par la perspective d’une « attaque imminente ». En fonction de quoi, l’armée sera déployée dans les rues pour renforcer les effectifs de police. C’est une première depuis 2007.
Selon les informations disponibles, 5 000 soldats pour être déployés sur l’ensemble du territoire britannique, sous l’autorité de la police. Ils devraient, entre autres, sécuriser les principaux bâtiments publics : Downing Street, Westminster, les ambassades…
Pas sûr, néanmoins, que cette décision fasse l’unanimité dans un pays attaché à ses libertés. En 2003, sous la menace d’une attaque terroriste d’Al-Qaeda, Tony Blair, alors occupant du 10 Downing Street, avait fait déployer 500 militaires et des véhicules blindés pour sécuriser l’aéroport d’Heathrow. Il avait été accusé d’ « envoyer les chars », une manière fleurie de dire qu’il avait perdu son calme.
Motivant sa décision, l’actuelle cheffe du gouvernement britannique a rappelé que les services de sécurité n’ont pas écarté la possibilité que le kamikaze responsable de la mort de 22 personnes et de 59 blessés soit relié à un groupe terroriste.
Le chef de Greater Manchester police, Ian Hopkins a ainsi relevé :
« La priorité demeure de déterminer si le responsable de l’attaque a agi seul ou dans le cadre d’un réseau ».
Le meurtrier a été formellement identifié. Citoyen britannique d’origine libyenne, il s’appelle Salman Abedi et avait 22 ans au moment de passer à l’acte.
Mardi 23 mai, en fin de journée, des milliers de Mancuniens se sont réunis dans Albert Square à proximité du Town hall pour une veillée en hommage aux victimes. Anonymes et célébrités, fonctionnaires et responsables politiques, personnes de toutes confessions ont communié dans la douleur et dans l’affirmation de leur unité. La secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Amber Rudd ; le leader travailliste Jeremy Corbyn ; Tim Farron, le leader des Libéraux-Démocrates, entre autres, ont tenu à marquer de leur présence la veillée présidée par le Lord Mayor de Manchester.
Des rassemblements similaires ont eu lieu à Londres, Glasgow, Birmingham, Belfast, Coventry, Liverpool, Sheffield, Newcastle, Bolton, Swindon, Leeds, Oxford ou encore Tarleton dans le Lancashire, où la veillée a été marquée par la présence de la mère de Georgina Callander, une des victimes.
A Manchester, l’après-midi du mardi a aussi été marqué par une tentative de récupération de la douleur des familles par l’extrême-droite. Le groupuscule English Defense League, connu pour ses positions racistes et sa propension à la violence, a tenté d’organiser un rassemblement après l’attentat de l’Arena. Les militants ont du fuir sous les huées de la foule des passants.
Si la campagne nationale reste suspendue, un certain nombre de candidats aux élections générales devraient retourner sur le terrain ce mercredi 24 mai.