Hillsborough : 6 personnes dont 5 policiers seront déférés devant les tribunaux après le massacre de 1989
La voie a été ouverte en avril 2016, quand la commission d’enquête indépendante a rendu son verdict. Sans que son jugement ait de valeur judiciaire, elle avait statué que les 96 victimes du massacre d’Hillsborough étaient décédées des suites de négligence criminelle. Ce 28 juin, le Crown Prosecutor service (CPS – service du procureur de la couronne) a annoncé la mise en examen de 6 personnes, dont cinq policiers. Parmi ces derniers, figurent deux officiers supérieurs de la police du South Yorkshire.
Le drame d’Hillsborough a eu lieu le 15 avril 1989 à l’occasion du match de demie finale de la FA Cup entre le Liverpool Football club et Noittingham Forest. Le stade joue à guichets fermés, un sold out à 54,000 personnes. La tribune ouest, Leppings Lane, est réservée aux Liverpudliens, l’aile Est, celle du Spion Kop End, aux fans de Forest, un choix dicté par l’itinéraire emprunté par les supporters. L’arrivée tardive de la Red Army, le nom que se donnent les supporters du LFC, va générer un mouvement de foule qui vire au drame.
La réaction tardive et mal organisée des forces de police et des secours entraîne la mort de 96 personnes dont 39 ont moins de vingt ans. L’enquête de la commission indépendante a duré plus de deux ans. Elle conclut clairement que les décès sont la conséquence de manquements et de dysfonctionnements. La police du South Yorkshire, qui a déjà une très mauvaise réputation en raison de son comportement lors de la répression de la grève des mineurs, est particulièrement mise en cause par la délibération.
Ce matin, en conséquence, David Duckenfield, l’officier en charge de la sécurité du match, a été inculpé pour le meurtre par négligence de 95 personnes – la 96e victime étant décédée des suites de ces blessures quatre ans après la tragédie.
Selon le CPS, sa responsabilité personnelle dans l’échec de la mise en œuvre de sa mission les échecs a « contribué en grande partie à la mort de chacune des 96 personnes qui ont si tragiquement et inutilement perdu la vie ».
L’autre policier haut gradé mis en examen est sir Norman Bettison. Inspecteur de la police du south Yorkshire au moment des faits, il est mis en cause pour quatre chefs d’inculpation. Le premier porte sur le mensonge visant à masquer sa responsabilité dans la gestion de la crise, qualifié par le CPS « d’abus de la confiance publique par un officier ». Dans la tradition britannique, la rupture de confiance envers la population et le mensonge en particulier figurent parmi les accusations les plus graves pour le détenteur d’une responsabilité publique.
Le troisième mis en examen de premier plan est l’ancien patron de Sheffield Wednesday, le club de foot propriétaire du stade de Hillsborough, qui était en charge de la sécurité du match.
Les représentants du CPS se sont adressés directement aux familles et proches des victimes, rassemblées à Warrington, dans la banlieue de Liverpool. A l’issue de l’énoncé des poursuites qui seront désormais engagées, l’émotion l’a disputé au sentiment de libération. Après vingt-huit ans de combat, la justice pourra enfin être rendue pour les 96. Beau-frère d’une des victimes, Leo Fallon résume l’état d’esprit :
« Il y a un soulagement parmi les familles. Nous devons attendre quel sera le résultat du procès. Mais notre sentiment est que cela a pris beaucoup trop de temps. Si le dossier avait été traité correctement à l’époque, cela aurait blessé moins de gens. »
Le procès de 5 des 6 mis en cause devrait débuter le 9 août prochain. Celui de David Duckenfield aura lieu ultérieurement.