Jour de vote – Bilan d’une triste campagne électorale
Depuis le début de la matinée, les électeurs se rendent aux urnes. Les derniers sondages tendent à annoncer une victoire étriquée du parti conservateur qui serait en passe de retrouver une majorité absolue à la Chambre des Communes. Une majorité d’environ 28 sièges. Peu importe la manière tant que la victoire est au bout pour Boris Johnson.
Tout au long de cette courte campagne, il s’est cantonné à marteler que voter pour lui c’est garantir le Brexit. Il s’est contenté de cette ligne au point de refuser de participer au débat auquel étaient conviés tous les partis sur le changement climatique et les solutions à apporter. Son principal conseiller Dominic Cummings a élaboré une stratégie similaire à celle qu’il avait mené lors de la campagne du référendum en 2016 : le parti conservateur a multiplié les publications publicitaires mensongères sur les réseaux sociaux, (9 sur 10 des 6,749 annonces publiées selon l’organisation First Draft), tandis que le Labour, lui, ne s’est pas livré à cette pratique. Et le parti conservateur n’a pas lésiné sur les dépenses, plus d’1 million de Livres, pour se livrer à un bombardement quasi incessant sur les réseaux sociaux.
Le Labour a eu bien du mal à imprimer un semblant de dynamique de victoire. Sa direction s’est focalisée sur la menace de saccage programmé du système de santé avec un Brexit mené par les tories. Il fallait bien trouver un axe politique qui mette tout le parti d’accord. Le Labour reste plus que jamais divisé sur la question du Brexit. Le programme radical du manifeste du parti ne va pas suffire à ramener l’électorat.
Les Libéraux Démocrates ont ramené à la raison Jo Swinson et ses rêves à voix haute d’arriver victorieuse à Downing Street. La campagne s’est terminée, pour ce parti, par un appel à bloquer Boris Johnson et à le priver de majorité en usant du « vote tactique » dans une cinquantaine de circonscriptions, alors que le parti se voit accorder une quinzaine d’élus, bien loin des 200 espérés !
Nigel Farage, qui ne se présentait pas, a disparu des écrans et des médias, en sabordant la campagne du Brexit Party qui a retiré ses candidats face aux conservateurs sortants. Il a laissé la place à Boris Johnson, et quand bien même, il espère remporter la mise face à des élus Labour, l’espoir est fort mince. UKIP est dans une situation tout aussi inconfortable avec des intentions de votes réduites à pas grand chose.
En Irlande du Nord, le parti unioniste DUP, ancien allié qui monnayait son soutien aux tories, craint le scrutin et ne cache pas sa peur de disparaître face au vote tactique.
Les écologistes, qui pensent conserver leur élue de Brighton, n’envisagent pas sérieusement d’emporter d’autres sièges, tandis qu’ils doivent aussi affronter les affres du vote utile en faveur du Labour.
Finalement il n’y a qu’un vainqueur, que l’on peut annoncer avant même la conclusion du scrutin, le parti nationaliste écossais dont la campagne s’est aussi limitée à un slogan, « chasser les tories d’Ecosse ». Le SNP se voit accorder 47 sièges (au lieu de 35), une performance. Ce n’est néanmoins pas le triomphe de 2015, où le parti avait raflé 56 des 59 sièges. Il n’en demeure pas moins que le parti reste tiraillé sur la question du référendum pour l’indépendance si le Brexit se met en place effectivement.
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