Large victoire du Labour à Oldham
La victoire de Jim McMahon dans la circonscription de Oldham West et Royton a réunifié un Labour déchiré, la veille, par le vote sur l’intervention en Syrie. Le leader du conseil d’Oldham obtient une majorité de 10,722 voix et accroît le score obtenu par le parti travailliste en mai dernier. Cette élection partielle, déclenchée à l’issue du décès du Membre du Parlement Michael Meacher (élu depuis 1970 dans cette circonscription), était scrutée avec attention.
Au Royaume-Uni, les élections partielles de conseillers locaux permettent d’avoir une indication sur l’état d’esprit du pays et, donc, le rapport de forces politique. Mais les élections parlementaires les éclipsent sans aucun doute. D’ailleurs, UKIP ne s’y est pas trompé et a mobilisé au maximum ses partisans afin de réaliser un coup d’éclat dans cette circonscription du Grand Manchester, où le parti xénophobe et europhobe enregistre de hauts scores. Espérant faire beaucoup mieux que le British National Party, qui avait rassemblé 16% des voix en 2001, Nigel Farage espérait même remporter la mise dans un endroit où les conservateurs font de la figuration. Il est loin le temps où un certain Winston Churchill remportait une élection à Oldham.
Pour Farage, il s’agissait de démontrer la capacité de UKIP à l’emporter partout. Mais sa stratégie d’attaque frontale contre le Labour, en faisant de ce scrutin un « référendum anti Corbyn qui menace la sécurité du Royaume » a échoué. Malgré le relais appuyé de la presse nationale espérant elle aussi mettre à jour le rejet de Jeremy Corbyn, chacun relaie aujourd’hui un résultat sans appel :
- Jim McMahon (Labour) : 17,209 (62.11%)
- John Bickley (UKIP) : 6,487 (23.41%)
- James Daly (Conservative) : 2,596 (9.37%)
- Jane Brophy (Liberal Democrat) : 1,024 (3.70%)
- Simeon Hart (Green Party) : 249 (0.90%)
- Sir Oink A-Lot (Monster Raving Loony) : 141 (0.51%)
Le Labour améliore son score par rapport aux élections générales de plus de 7 points. Les Tories voient leur résultat divisé par deux, sans que UKIP en profite pleinement. Les Lib- Dems restent au fond du trou, tandis que les écologistes perdent la moitié de leurs suffrages.
Jim Mc Mahon, 35 ans, conseiller élu à 23 ans, leader du conseil d’Oldham à l’âge de 28 ans, a mené une campagne de terrain, appuyée sur son bilan personnel. Si certains membres du Labour ont reproché au fils d’un camionneur son soutien à Liz Kendall, Jim McMahon s’est montré clair concernant la direction du Labour, qui lui a apporté un soutien logistique et militant constant. Tom Watson, deputy leader, John McDonnell, shadow chancelier de l’Echiquier, Jeremy Corbyn, et d’autres ont multiplié les visites de soutien au candidat tout au long d’une campagne d’un mois, menée à un rythme de sprinter.
Il faut reconnaître que la direction du Labour n’avait pas pris ce scrutin à la légère, et a mobilisé en conséquence. Tout le parti se voit récompensé. Mais cette victoire à l’ampleur inattendue (les pronostics les plus pessimistes avançait une majorité réduite à 1,000 voix) réduit au silence les détracteurs de Corbyn, toujours prompts à attaquer un leader sensé précipiter la chute électorale du parti. Certes, à la droite du Labour, certains murmurent qu’elle a été obtenue malgré Corbyn plutôt que grâce à lui, mais ce vendredi 4 décembre, Oldham-West est synonyme de trêve.
Alors que la presse a relayé avec gourmandise les portes se fermant au nez des militants pendant la campagne, en raison du « manque de patriotisme » ou des propos pacifistes du leader, Jim McMahon a voulu rétablir sa vérité. « J’ai entendu des gens dire qu’ils aiment Jeremy Corbyn parce qu’il défend ce en quoi il croit. Certains proches des Lib-Dems votent désormais pour le Labour parce qu’ils font confiance en Jeremy », explique le jeune élu. Il a également souligné : « Nous devons nous rappeler ce qui est en jeu avec ce gouvernement conservateur. Pendant que tout le monde regarde ailleurs, ils avancent tranquillement des mesures, des coupes budgétaires, qui vont changer le visage de villes comme Oldham ».
Jeremy Corbyn, qui a passé une partie de sa journée du jeudi 3 décembre, à Oldham, appelant les électeurs pour les mobiliser, n’a pas boudé son plaisir. « Ravi » par une victoire sans appel, il a rappelé que les élections partielles pouvaient souvent être « délicates » pour le parti détenant le siège, notamment en raison d’une participation très basse. « Dans ce contexte, accroître notre pourcentage par rapport aux élections de mai constitue un vote de confiance pour notre parti », a savouré un leader qui avait bien besoin d’une victoire après une semaine pour le moins agitée. Il a ajouté : « C’est une démonstration claire que le Labour est le parti dans lequel les travailleurs ont confiance. Notre détermination à nous opposer à la politique des Tories, nos succès sur les crédits d’impôts ou les coupes budgétaires dans la police sont des acquis pour la classe ouvrière. »
Silvère Chabot
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Bonus vidéo : Judy Collins – Bread and Roses
Mouais. C’est sûr que ça vaut mieux que l’inverse.
Mais bon, si je résume, on a remplacé Michael Mercher, MP travailliste de l’aile gauche, par un MP travailliste blairiste qui soutenait Liz Kendall.
Voilà qui va faire pencher le parti travailliste parlementaire encore plus à gauche, sans nul doute…
Ou bien j’ai loupé quelque chose ?
Au sortir d’une semaine particulièrement dure, Corbyn ne pouvait pas se permettre une défaite. Ni même une marge de victoire trop étriquée qui aurait – une nouvelle fois – alimenté le récit « Corbyn ne peut pas faire gagner le Labour ».
Mais votre question pose un autre problème : l’incapacité de l’aile gauche à former des cadres et à assurer la relève quand ses principaux représentants vieillissent voire décèdent. La question finira par se poser un jour avec Denis Skinner, par exemple. Il y a quelques exceptions, avec la nouvelle génération dont nous avons déjà donné écho : Richard Burgon à Leeds, Clive Lewis à Norwich, Jessica Long-Bailey… Mais la gauche travailliste a accumulé un retard certain quand les Blairistes, via Progress, se sont dotés d’une machine remarquable d’efficacité pour former des futurs parlementaires.