Ecolos et nationalistes lancent un appel à l’unité de la gauche pour chasser les conservateurs
A l’ombre du Labour Party qui a occupé l’espace médiatique en affichant au grand jour ses divisions, la conférence des écologistes et le renouvellement de sa direction est passée quasiment inaperçue. Pourtant, Caroline Lucas succède à Natalie Bennett. La membre du Parlement pour Brighton-Pavilions s’est associée à Jonathan Bartley, ancien candidat face au travailliste Chuka Umunna et, plus récemment, candidat à la candidature pour la mairie de Londres. Le binôme a pris la tête du parti écologiste avec 86% des voix (13,570 électeurs). La participation s’est élevée à 37%.
Alors que les tories ont conclu leur conférence en adoptant une ligne dure, les Greens ont renouvelé leur appel à constituer une alliance progressiste pour chasser les conservateurs du pouvoir. Caroline Lucas et Jonathan Bartley ont présenté leur vision en détails lors de la conférence annuelle des écolos. Pour l’emporter sur les conservateurs, il s’agit de faire l’unité à gauche dans 40 à 50 circonscriptions jugées fragiles pour les Tories, les marginal seats. L’autre volet consiste à imposer une réforme électorale plus juste, basée sur la représentation proportionnelle.
Caroline Lucas a suggéré au Labour de regarder en Ecosse où les travaillistes, malgré 25 % des suffrages, ne disposent que d’un seul membre du parlement. La nouvelle patronne des Greens martèle cet appel depuis plusieurs mois sans réponse du côté d’un Labour empêtré dans ses divisions. Pourtant, bon nombre de MPs travaillistes reconnaissent que, dans les années à venir et quelle que soit la direction du Labour, il sera de plus en plus difficile de l’emporter seul.
Cette fois, l’appel n’émane plus seulement des écologistes anglais. Un nouveau texte a été cosigné par Nicola Sturgeon, première ministre d’Ecosse ; Jonathan Bartley et Caroline Lucas, co-leaders du Green party ; Leanne Wood, leader de Plaid Cymru ; Steven Agnew, leader du Green party d’Irlande du Nord ; Patrick Harvie, co-convener du Scottish Green party et Alice Hooker-Stroud, leader du Green party au Pays-de-Galles. Les deux partis nationalistes et les verts ont demandé à toute la gauche de s’unir pour combattre l’agenda conservateur sur l’immigration et sur le départ de l’Union européenne.
La déclaration commune précise : « Au sommet du parti conservateur, le vote serré en faveur de la sortie de l’Union européenne est désormais interprété comme un prétexte pour couper tous les liens avec l’Europe – ce qui aura des effets catastrophiques sur notre économie – et comme une raison pour développer la plus toxique des rhétoriques anti-immigration que nous ayons vues ».
« C’est désormais une responsabilité morale qui est posée à chacun de savoir, au fond, dans quelle sorte de pays nous pensons vivre. Nous ne tolérerons pas que la contribution de personnes venues d’outre-Mer à notre NHS soit mise en cause pas plus qu’une nouvelle version du ‘des emplois britanniques pour les Britanniques’. »
La balle est désormais dans le camp du Labour. Ce dernier va devoir donner une réponse satisfaisante, faute de quoi, il risque de cruelles désillusions électorales. Sans attendre Londres, la leader des travaillistes écossais, Kezia Dugdale, a affirmé sa position : elle refuse tout accord avec le SNP. Elle a souligné les désaccords avec les nationalistes qui, selon elle, n’ont pas soutenu le Labour sur le système de santé ou le salaire minimum, préférant faire campagne pour l’indépendance. Elle résume le fossé par une pirouette : le Labour est socialiste et ne se soucie pas des frontières mais des gens…
Silvère Chabot