Elections générales 2017 : le journal – 8ème édition
Derniers sondages
Les sondages les plus récents confirment la tendance lourde mise en lumière par leurs prédécesseurs. Ils confirment aussi ce que les élections locales ont mis en lumière : les tories s’apprêteraient à faire un raz-de-marée. Un sondage réalise pour Good Morning Britain et publié ce mardi 9 mai donne les résultats suivants :
- Conservateurs : 47%
- Travaillistes : 30%
- Lib-Dems : 7%
- UKIP : 5%
- Greens : 3%
Cette étude donne d’autres indications préoccupantes pour les travaillistes. Selon 60% des personnes qui ont répondu, 60% estiment que Theresa May fera la meilleure première ministre contre 21% qui considèrent que Jeremy Corbyn ferait mieux l’affaire. La leader des tories est placée en tête systématiquement comme la plus apte à
- négocier le Brexit ;
- diriger l’économie ;
- protéger le National Health Service (NHS) ;
- mettre en oeuvre une société plus juste…
Le Labour déjà dans l’après ?
Quand un parti se préoccupe déjà de l’après-élection, c’est souvent qu’il acte sa défaite avant même les résultats. Le parti travailliste fera-t-il mentir l’adage ? A croire les sondages, c’est mal parti. Et Jeremy Corbyn a ouvert les hostilités lui-même. Alors qu’il aurait pu monter en épingle le succès de son rallye dans le bastion conservateur de Worcester, où il a rassemblé des centaines de personnes, il s’est perdu en annonçant qu’il ne démissionnerait pas en cas de défaite du Labour lors des élections générales du 8 juin prochain. Dans une interview accordée au site Buzzfeed, il a déclaré :
« J’ai été élu leader de ce parti et je resterai leader de ce parti. »
S’il devait s’accrocher à cette ligne de conduite, il scellerait le glas de la gauche travailliste pour plusieurs années alors que les membres du parlement se distancent tous de lui. Des parlementaires réputés proches de lui, Tels Cat Smith ou Clive Lewis, ont préféré lancer leurs campagnes respectives en compagnie d’autres tenors du parti.
Plus inquiétant pour son avenir politique, Corbyn a raté la bataille des investitures. La plupart de ses candidats à la candidature ont été défaits dans les constituency labour parties (CLP – les organisations de base du parti travailliste). La bataille pour le prochain leadership a donc commencé avant même que la campagne des élections générales ait vraiment été lancée.
Lancement de campagne pour les travaillistes
Ce début de polémique a presque éclipsé l’événement travailliste de ce début de semaine. C’est ce mardi 9 mai à Manchester, un des derniers bastions du parti à la rose, que le Labour a lancé officiellement sa campagne. Andy Burnham y a été brillamment élu mayor pour Greater Manchester. L’ancien rival de Corbyn en 2015 a marqué les esprits en se rendant, à peine élu, à la rencontre des sans domicile fixe de la cité du Nord.
Ce même Burnham a joué les hôtes pour la quasi totalité du shadow cabinet. Il a apporté un soutien franc à Corbyn. Anticipant la question de la démission du leader, le mayor pour Greater Manchester a tranché : « Personne ne devrait débattre de ce sujet à l’instant ». C’est fort de cet engagement que Corbyn a pu dévoiler les grandes lignes du manifesto travailliste, après que la star de la série Broadchurch, Julie Hesmondhalgh, a introduit la séquence :
- 10,000 policiers supplémentaires ;
- 200,000 logements par an ;
- Salaire minimal à 10 livres ;
- 3 milliards de livres en plus pour l’éducation ;
- Cantine gratuite pour les enfants entre 4 et 11 ans ;
- Arrêt de la privatisation du NHS ;
- 1.5 milliards de réduction dans la fiscalité des petites entreprises ;
- Renationalisation du rail ;
- Eradication des inégalités salariales entre femmes et hommes ;
- Un « paquet » de droits sociaux en 20 points…
Jeremy Corbyn a également renoué avec la rhétorique anti establishment, qui lui avait plutôt bien réussi lors des consultations internes au Labour. Il a violemment attaqué les « banquiers avides » et les « financiers véreux » qui « possèdent le parti conservateur » et leur a promis « le jour du jugement » s’il est élu. Le retour aux sources socialistes mâtinées de populisme de gauche sera-t-il suffisant pour enrayer la spirale du déclin ?
Les éminences grises du Labour veulent le croire en mettant en avant les résultats obtenus aux élections locales en Ecosse qui semblent voir les travaillistes cesser de perdre pied. Ce qui est sûr c’est que, si la dynamique des élections locales se maintenait, le SNP devrait perdre près d’une vingtaine de membres du parlement et le Scottish Labour regagner de son lustre d’antan. Mais, à l’heure actuelle, les tories conforteraient une seconde place solide dans ce qui fut LE bastion travailliste jusqu’en 2010.
Ca coince partout au Labour
Mais quand ça ne veut pas… Dans la constituency de South West Surrey, fief du très controversé secrétaire d’Etat à la santé Jeremy Hunt, le Labour a exclu deux de ses principales figures locales. Alors que Hunt dispose, à l’issue du scrutin de 2015 d’une majorité de 28,000 voix, Kate Townsend, la secrétaire du CLP, et Steve Williams, militant depuis 46 ans, ont mis en oeuvre un rapprochement avec les Libéraux-démocrates et les Greens pour tenter de faire chuter le responsable de la grève des médecins du National Health Service. Ils ont été exclus cette semaine.
Dernier accroc… Simon Danczug, très droitier membre du parlement pour Rochdale, a été exclu lui aussi du parti travailliste. Il en était suspendu depuis 2015 à la suite de son implication dans des textos à caractère sexuel envoyés à une mineure. Danczug avait néanmoins décidé de se maintenir comme candidat travailliste à sa propre succession. Une décision invalidée par le National Executive Committee (NEC – organe de régulation du Labour). C’est l’ancien membre du parlement pour Manchester Central, Tony Lloyd, qui portera les couleurs travaillistes.
Simon Danczug a démissionné du Labour dimanche 8 mai. Il pourrait décider de se présenter en candidat indépendant à Rochdale.