Sécurité : un rapport du Home Office pointe le rôle des coupes budgétaires dans la hausse des crimes
LA DROITE EN DEFAUT SUR LA SECURITE. En Grande-Bretagne comme ailleurs, les partis conservateurs se font fort d’être fermes sur la répression de la délinquance. A moins d’un mois des élections locales, le gouvernement de Theresa May est confronté à une nouvelle polémique sur le sujet. Londres est victime d’une hausse sans précédent de la criminalité, avec six attaques au poignard pour la seule journée du jeudi 5 avril dernier. La secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Amber Rudd, a nié, dimanche, tout lien entre la hausse des crimes de sang et la baisse des effectifs policiers. Las, ce lundi 9 avril, un rapport de ses propres services estime que la diminution du nombre de policiers a « sûrement contribué » à la progression des violences.
Depuis le 1er janvier 2018, la capitale britannique a enregistré 50 morts violentes, par armes blanches ou à feu, faisant passer Londres devant New York pour le nombre de meurtres. La semaine passée, ce sont neuf décès qui ont été provoqués par des poignards. Le phénomène n’est pas circonscrit à la seule mégalopole puisque, selon les chiffres, la hausse des attaques au couteau augmente dans 39 des 43 circonscriptions de que comptent l’Angleterre et le Pays-de-Galles. L’Ecosse et l’Irlande du Nord disposent de leurs propres forces de sécurité et statistiques.
Pendant ce temps, les chiffres du Home Office (le ministère de l’Intérieur britannique) ont montré que les effectifs policiers sont passés de 143,734 en mars 2010 à 123,142 en mars 2017. Soit 20,000 agents en moins en 5 ans. Dimanche, dans les colonnes du quotidien conservateur The Sunday Telegraph, Amber Rudd a refusé d’établir un lien entre les deux tendances :
« Si je comprends que la police fait face à des menaces émergentes et à de nouvelles pressions – ce qui nous amène à augmenter l’investissement total dans le maintien de l’ordre -, les faits ne confirment pas les affirmations selon lesquelles les ressources sont à l’origine de la hausse des violences. »
Ce propos a été repris par deux autres membres du cabinet, durant toute la journée, occasionnant des attaques en règle de la part du parti travailliste qui fait de la sécurité une de ses priorités à l’occasion des élections locales de mai prochain. Ce lundi matin, la presse a publié un document officiel émanant des services du ministère de l’Intérieur qui invalide, en partie, le propos de la secrétaire d’Etat. Intitulé Violence aggravée : dernières informations sur les causes, il affirme : « Depuis 2012-2013, le poids du crime dans le recours aux forces de police a augmenté, largement en lien avec les infractions d’ordre sexuel. En parallèle, le nombre d’agents a diminué de 5% depuis 2014« . Le rapport se fait, ensuite, plus précis :
« Les ressources consacrées à la violence sérieuse sont contraintes et la contribution aux dépenses a baissé. Ceci peut avoir encouragé des contrevenants. [Il est] peu probable que cela soit le facteur déclenchant de l’évolution de la violence sérieuse, mais cela peut être une cause sous-jacente qui a alimenté la hausse de la criminalité. »
Un intertitre souligne que la baisse des crédits ne serait « pas la cause principale mais a probablement contribué » à la hausse des crimes. Amber Rudd a affirmé ne pas avoir eu connaissance de ce rapport.
Lançant la campagne travailliste pour les élections locales à Londres, Jeremy Corbyn a confirmé que la sécurité et la lutte contre la criminalité est au coeur du projet du Labour. Il devrait présider une table ronde associant des officiers de police, des victimes de la criminalité et des experts. Il a également affirmé que les coupes budgétaires qui affectent les services sociaux, ceux en direction de la jeunesse et, également, les services de santé ont un impact négatif sur la criminalité.
« Il n’est simplement pas possible de maintenir la cohésion de nos communautés lorsque le gouvernement sabre dans les budgets des services de police et que le nombre d’agents déployés dans nos rues est réduit de 21,000« , a tranché le leader travailliste.