Thatcher 2.0 de retour au gouvernement
Alors que nombre d’observateurs, les libéraux démocrates et le labour sont sonnés ou stupéfaits par la victoire des conservateurs qui se maintiennent seuls au 10 Downing Street, David Cameron, lui, ne traîne pas en besogne. Un vaste tour de vis austéritaire va s’abattre sur les britanniques.
Depuis vendredi 8 mai, c’est un déluge de coups, agrémentés de polémiques quotidiennes sur les nouvelles têtes désignées au gouvernement qui font l’actualité. Avec une presse très majoritairement favorable, David Cameron occupe le terrain.
D’emblée, il a confirmé sa vieille promesse de campagne d’organiser un référendum sur le maintien du Royaume Uni dans l’Union Européenne, il pourrait se tenir des 2016. Le Premier Ministre n’a pas tardé à renvoyer dans les cordes le Scottish National Party (SNP) en refusant catégoriquement un nouveau vote sur l’indépendance écossaise, rappelant que la question est réglée pour « une génération ».
Le 13 mai il a annoncé un tour de vis sécuritaire, déplorant que la Grande Bretagne serait trop passive et tolérante vis à vis de « l’extrémisme », cela promet des restrictions de libertés. On retient notamment une proposition qui permettrait à la Cour de forcer une personne à envoyer ses tweets et publications sur Facebook à la police pour approbation ou encore l’obligation faite aux fournisseurs d’accès internet de conserver des données sur les clients, afin de les transmettre si nécessaire à la police.
Theresay May, la ministre de l’intérieur, appelle à détruire les bateaux de migrants en Méditerranée et à les renvoyer chez eux. Tandis que Ian Duncan Smith prépare de vastes coupes budgétaires dans les aides sociales (de l’ordre de 12 milliards de Livres).
Compte tenu de l’avalanche d’annonces, on serait presque tenté de croire les Libéraux Démocrates quand ils affirmaient que, lorsqu’ils étaient au gouvernement ils freinaient les ardeurs des Tories. Mais ce serait vite oublier que l’ancien ministre Lib Dem Vince Cable a organisé la privatisation de Royal Mail.
Petit tour d’horizon des nouveaux venus et promus
Sajid Javid, le banquier, se voit promu à l’économie après un passage à la culture. Il s’est distingué le 12 mai en annonçant sa volonté de réformer le droit de grève dans les services publics, qui seraient selon lui pris en otage par des syndicats minoritaires, on connait la chanson. Admirez le timing, au lendemain du premier appel à la grève depuis deux décennies du syndicat des cheminots (le RMT dont 10.000 adhérents sur 16.000 se sont prononcés en faveur de l’arrêt de travail pour obtenir des augmentations de salaires). La cible n’est pas choisie au hasard vu le regain de combativité des salariés des services publics ces dernières années.
75 % des 119 appels à la grève entre 2010 et 2014 sous le précédent gouvernement auraient été invalidés à l’aune des mesures proposées aujourd’hui.
Len McCluskey, premier responsable du syndicat Unite, a immédiatement averti les Tories, que les salariés feraient grève illégalement si nécessaire, tandis que son camarade, le secrétaire adjoint Steve Turner, a expliqué que « c’était une véritable honte et une grave erreur que l’un des premiers actes du gouvernement soit de réduire les droit des travailleurs, que les gouvernements conservateurs précédents avaient maintenus. » Le secrétaire du syndicat a souligné que « les électeurs n’avaient pas voté pour ça. »
Sajid Davis n’en reste pas là, annonçant des mesures de déréglementation du droit du travail, permettant aux entreprises de licencier plus facilement.
Parmi les nouveaux venu John Whittingdale n’aura pas ma sympathie, il prouve qu’on peut écouter Motorhead et d’autres groupes metal tout en étant un épouvantable réactionnaire, qui ne cache pas son homophobie, ni sa haine de la BBC dont il est désormais chargé. Il n’y aura pas de répit pour le réseau de la BBC, passablement éreinté par les conservateurs ces dernières années avec 2000 suppressions de postes. Selon lui, la redevance (200 euros), est « pire que la poll tax » (NDLR : la fameuse taxe proposée en 1990 qui avait soulevé la population et provoqué la chute de Thatcher).
Dans un autre registre, Michael Gove devient ministre de la justice, il gagne à être connu avec ses déclarations ou il souhaite que la peine capitale par pendaison soit restaurée.
Justin Tomlinson, qui a voté contre le maintien des prestations sociales destinées aux handicapés et aux malades du cancer est devenu ministre chargé des handicapés. Pour mémoire il s’était opposé à ce que les patients atteints d’un cancer bénéficient d’une année de rétablissement avant de retourner travailler.
Caroline Dinenage, nouvelle ministre des égalités, se distingue en ayant voté à plusieurs reprises contre le mariage gay. Compte tenu de la polémique elle a délivré une déclaration ou elle jure qu’elle défendra les droits des homosexuels. On jugera aux actes.
Le Labour encore dans les cordes, ne répond plus, embarqué dans un long processus de désignation de son futur leader qui serait connu le 12 septembre. Nicola Sturgeon affirme que le Scottish National Party sera la seule véritable opposition au parlement face à David Cameron, celui ci s’opposera à tout atteinte aux droits de l’homme.
La gauche de la gauche après une première manifestation en guise d’échauffement le 9 mai à Londres compte bien mobiliser nationalement, sous la bannière de The People’s Assembly Against Austerity, le 20 juin.
Enfin, les renards sont aussi dans le collimateur des conservateurs, David Cameron souhaite rétablir la chasse au renard, qui avait été bannie en 2004 par le Labour. Tiendra t-il compte de la pétition qui compte plus de 261.000 signatures pour le maintien de l’interdiction ?
« Sajid Davis n’en reste pas là, annonçant des mesures de déréglementation du droit du travail, permettant aux entreprises de licencier plus facilement. »
Quelles autres mesures, à l’exception notable du rétablissement de l’esclavage, entend-il prendre pour permettre aux entreprises de licencier plus facilement? That is the question…